Pages

mercredi 18 novembre 2015

En lisant en écoutant : Jean Guillou

Jean Guillou

Quiconque eut la chance d’entendre Jean Guillou un dimanche soir en l’église Saint-Eustache de Paris, sait quel organiste virtuose il est. Une demi-heure avant la messe, celui qui durant cinquante ans fut titulaire du grand-orgue, emplissait la nef et faisait vibrer l’édifice au point qu’on le croyait par instant décoller du sol. Interprète, enseignant et théoricien, compositeur et concepteur d’orgues, Jean Guillou nourrit depuis toujours une activité protéiforme. Ce que l’on sait moins, c’est que Guillou est également un auteur passionnant. Il suffit de parcourir La Musique et le Geste pour s’en convaincre.  

Ce livre recueille de nombreux articles que Guillou donna au fil des ans à différentes revues. Ils sont ici savamment réunis et ordonnés suivant quelques grandes thématiques : Littérature et musique, architecture et musique, créations d’orgues, interprétation et improvisation etc.

« Cette séparation des deux mondes, musical d’une part, et littéraire et pictural d’autre part, est particulièrement française… »


L’ouvrage s’ouvre sur quelques textes d’une tonalité poétique surprenante mais qui, à y réfléchir, sont très fidèles à l’idée que l’on se fait de l’homme. Chacun jugera. Suivent de nombreux autres articles abordant des sujets divers, toujours d’un grand intérêt, qu’il soit question de Bach, du Palais Garnier ou de littérature, avec pour point d’orgue (c'est le cas de le dire) un long entretien entre Jean Guillou et Julien Gracq.

Les souvenirs qu’évoque Guillou ne sont pas moins captivants et le récit qu’il fait de son arrivée à la tribune de Saint-Eustache est saisissant. En quelques pages, il ressuscite des figures hautes en couleur, célèbres ou anonymes, et redonne forme à un monde subtil et curieux que l’on imagine disparu à regret. Les articles dédiés aux aspects techniques de son instrument de prédilection, l’orgue, captiveront le lecteur même le plus étranger à cet univers complexe. Car c’est toujours en artiste tout autant qu’en technicien que Guillou aborde ces sujets.

« On aimerait que le goût du risque ne fût pas devenu si rare ches les artistes. »


A plus de 80 ans, Jean Guillou continue à donner des concerts aux quatre coins du monde. Avant la fin de l’année, il se sera produit en Russie, Allemagne, Italie, Mexique, Canada, Suisse… Souhaitons que ces pérégrinations dignes d’un jeune homme lui laissent quelques instants pour écrire ! 

G.M.


Pour en savoir plus, il vous suffit de cliquer sur le livre ci-dessous:


Jean Guillou, La musique et le geste

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire