Pages

samedi 23 avril 2016

Les grands théologiens : Henri de Lubac

éditions Beauchesne Henri de Lubac
Henri de Lubac s.j.
1896 - 1991
On ne présente plus Henri de Lubac. L’importance de son œuvre, l’apport de cette dernière à la théologie catholique, est depuis longtemps reconnue. Créé cardinal en 1983, Henri de Lubac fut un homme discret mais influent qui dialogua avec nombre d’intellectuels ayant joué un rôle important dans le développement de la pensée chrétienne au XXe siècle : Teilhard de Chardin, Maurice Blondel, Jacques Maritain, Etienne Gilson, Henri Irénée Marrou, Gabriel Marcel… Tous entretinrent des relations spirituelles avec Henri de Lubac, tous reconnurent la profondeur de sa pensée. Il est celui qui initia aux Pères de l’Eglises Hans Urs von Balthasar et Jean Daniélou et c’est avec ce dernier qu’il fonda la collection « Sources Chrétiennes » aux éditions du Cerf[1]

Au cours de sa longue existence[2], Henri de Lubac écrira un grand nombre d’ouvrages[3] et consacrera également beaucoup de temps à éditer avec un soin extraordinaire quelques correspondances d’amis ou de relations. Il sera ainsi l’éditeur scientifique de la correspondance de Maurice Blondel et Teilhard de Chardin et de celle qu’échangèrent Gabriel Marcel et Gaston Fessard. En 1989, sur l’insistance d’Hans Urs von Balthasar, Henri de Lubac se décida à publier son Mémoire sur l’occasion de mes écrits. Passionnant témoignage et précieux viatique nécessaire à l’appréhension d’une œuvre et d’une vie aussi vaste que riche.  

Voici ce que le cardinal de Lubac écrivit dans son Mémoire au sujet de sa collaboration avec les éditions Beauchesne :

« Mon ami le Père Marcel Régnier, infatigable directeur des « Archives de philosophie », dont il a fait un centre de multiples relations humaines autant qu’intellectuelles, avait ouvert en 1965 la nouvelle série de la « Bibliothèque des Archives »[4] par la correspondance annotée de Blondel et Teilhard de Chardin. Plus tard, il voulut encore publier quelque chose de moi. C’est l’origine de Recherche dans la foi (1979). L’ouvrage réunit trois études sur Origène, sur saint Anselme, sur la philosophie chrétienne. Cette dernière reproduit, presqu’inchangé, un article de 1936. Les deux premières sont des refontes considérablement augmentées, de textes moins anciens. L’une commente une exclamation d’Origène (empruntée à Jérémie) : "Tu m’as trompé, Seigneur !", l’autre, une exclamation d’Anselme : "Seigneur, je cherche ton visage !", qui m’ont paru valoir d’être scrutées, comme introduisant à une démarche de pensée caractérisant chacun de ces deux grands esprits, et plus encore au mouvement foncier de leur âme. Quelques lignes de l’avant-propos suffiront à montrer l’intention qui m’a guidé dans cette publication : les deux cas d’Origène et d’Anselme sont "propres à faire voir, à travers les différences de deux époques aussi bien que de deux individualités, une parenté plus essentielle. Et nous encore, « nous sommes de leur race ». Tous ceux que nourrit de sa substance indéfiniment féconde une même grande tradition, sont frères." J’ai donc tâché une fois de plus, en un temps où l’on voit et veut avant tout les ruptures et où s’aggrave le risque d’une dissolution de la conscience catholique, de communiquer le sentiment de l’unité dans un incessant pluralisme. D’Origène, je cherche le principe de son exégèse, qui est aussi le cœur de sa pensée. D’Anselme, j’observe le conflit entre la satisfaction obtenue de l’intelligence et l’élan toujours insatisfait de l’âme, conflit dont la solution s’exprime dans la formule dernière du Proslogion, trop rarement commentée : "majus quam cogitari possit"[5]. »[6]

Pour en savoir plus, 

il vous suffit de cliquer sur le livre ci-dessous:


éditions Beauchesne Recherches dans la foi

Gaston Fessard Gabriel Marcel CorrespondanceMaurice Blondel Teilhard de Chardin Correspondance





[1] Fondée en 1942, la collection compte aujourd’hui plus de 580 volumes. Pour découvrir sa passionnante histoire, on se reportera à l’excellent ouvrage d’Étienne Fouilloux, La collection "Sources Chrétiennes". Éditer les Pères de l'Eglise au XXe siècle, éd. du Cerf, 2011.
[2] Concernant la vie d’Henri de Lubac, on se reportera à la biographie que Georges Chantraine, ami et disciple du cardinal, lui consacra aux éditions du Cerf. Trois volumes ont paru sur les quatre initialement prévus, le père Chantraine étant décédé en 2010, avant d’achever son œuvre.
[3] Les œuvres complètes du Cardinal de Lubac sont en cours de publication, sous l’égide de l’Association internationale Cardinal Henri de Lubac, aux éditions du Cerf. Le premier volume, Le Drame de l’humanisme athée, a paru en 1998. Pour consulter le programme de publication des 50 volumes annoncés, il suffit de cliquer ici.
[4] La collection Bibliothèque des Archives de Philosophie compte aujourd’hui 65 titres, toujours disponibles aux éditions Beauchesne.
[5] La formule complète de saint Anselme est la suivante : «  Ergo, Domine, non solum es quo majus cogitari nequit, sed es quiddam majus quam cogitari possit » que l’on traduit de la sorte : «  Ainsi, Seigneur, Tu n'es pas seulement Tel que plus grand ne se peut penser, mais Tu es quelque chose de plus grand qu'il ne se puise penser. » Notons que cette formule de saint Anselme fut l’objet de réflexions du théologien protestant Karl Barth, Saint Anselme. La preuve de l'existence de Dieu, éd. Labor et Fides, coll. Lieux théologiques, n° 7, 1985.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire