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jeudi 23 mars 2017

Norbert Wiener, père de la cybernétique et philosophe

blog éditions Beauchesne Wiener Cybernétique
Norbert Wiener
(1894-1964)


Norbert Wiener est né aux Etats-Unis, à Columbia, le 26 novembre 1894. Dès l’enfance, il fait montre de capacités intellectuelles hors du commun. Très tôt il se consacre à l’étude des mathématiques et de la philosophie et soutient, à l’âge de dix-huit ans, une  thèse de logique mathématique à l'université Harvard. Il voyagera ensuite en Europe où il suivra les cours de Bertrand Russell et, de manière plus anecdotique, ceux d’Edmund Husserl[1]. Rentré aux États-Unis, Wiener est nommé professeur au M.I.T. Il y enseignera de 1919 à 1960. Il mourra lors d’un voyage à Stockholm, le 18 mars 1964.

Wiener est connu pour avoir donné naissance, en 1948, à la cybernétique, « science de la commande et de la communication chez l’homme et chez l’animal. » Cette même année paraît son maître livre, Cybernetics or Control and Communication in the Animal and the Machine, dans lequel il développe et explicite ses théories sur cette nouvelle discipline. L’ouvrage suscite immédiatement de fortes réactions, surtout parmi les praticiens des sciences sociales et les philosophes qui sont nombreux à manifester leur intérêt pour la pensé de Wiener. A commencer par le Révérend Père Dubarle, philosophe et théologien dominicain qui, dès le 28 décembre 1948, consacre un long article à ce « livre extraordinaire » dans les colonnes du Monde[2].

Philosophe tout autant que mathématicien, Wiener n’a jamais cessé de réfléchir aux implications de la discipline qu’il avait créée et autour de laquelle s’élaboraient déjà les fondements de l’informatique et de l’intelligence artificielle. En 1964, paraît son livre-testament, God & Golem Inc., dans lequel il s’interroge sur les quelques points de collision entre la cybernétique et la religion. Cet ouvrage pose des questions d’une brûlante actualité : si Dieu a créé l’homme à son image, qu’en est-il de cette machine créée par l’homme, et susceptible de se substituer à lui dans certains domaines? Quelle « image » de l’homme restitue-t-elle en retour? Sera-t-elle un golem des temps modernes? À moins que ce ne soit l’homme, désormais incapable de maîtriser son savoir, qui soit destiné à devenir le golem de sa propre destruction.

Traduit en français et publié pour la première fois par les éditions de l’éclat en 2001 (les cinéphiles apprécieront le clin d’œil), ce livre depuis lors épuisé, vient enfin de reparaitre. Doté d’une préface signée par Charles Mopsik, l’ouvrage se termine par un texte écrit en 1965 par Gershom Scholem : « Le Golem de Prague et le Golem de Rehovot ». Autant dire que Norbert Wiener se trouve là en bonne compagnie !



Pour en savoir plus :

blog des éditions Beauchesne
128 pages, 14 euros



[1] Cf. P.R. Masani, Norbert Wiener 1894–1964, éd. Birkhäuser, Berlin, 1990, p.59.

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