Jacques-Paul Migne 1800-1875 |
« Au monde avide de Progrès, nous donnons la Tradition du passé pour marcher en avant. »[1]
J.-P. Migne
Blaise Cendrars, qui souhaita
jusqu’à son dernier jour écrire une vie de Sainte Marie-Madeleine[2],
révèle dans ses entretiens, être un grand lecteur de la Patrologie de Migne : « Tous les ans, en souvenir
d’un certain événement de ma vie, j’achète un tome de la Patrologie de Migne. Si bien que depuis trente ans je lis, dans mon
année, au moins un tome de la Patrologie,
partout où je suis.[3] »
La patrologie est, nous rappelle
Littré, l’édition de tous les Pères de l’Eglise. Et c’est dans cette entreprise
d’une ampleur colossale que s’est lancé, au XIXe siècle, un simple prêtre de
province nouvellement établie à Paris, Jacques-Paul Migne.
Considérant que pour servir
l’Eglise, il faut en premier lieu éduquer le clergé, Migne se décide à
concevoir une « bibliothèque universelle du clergé » afin de rendre
disponible à toutes les bourses les meilleurs livres catholiques du début du
christianisme à nos jours. Pour ce faire il crée une imprimerie au Petit
Montrouge, véritable industrie qui emploiera jusqu’à 400 ouvriers et d’où sortiront
plus d’un millier de volumes en trente ans : commentaires scripturaires,
démonstrations évangéliques, encyclopédies théologiques et, évidement la
patrologie grecque et latine. De 1844 à 1866, 382 volumes lui seront consacrés,
221 pour l’Occident et 161 pour l’Orient, le tout couvrant une période allant
des origines de la chrétienté au concile de Florence (1438-1439).
Pour réussir ce véritable tour de
force, Migne, homme doué d’une énergie à la hauteur de ses ambitions, fit usage
des techniques modernes d’impression et de diffusion comme personne jusqu’alors
et s’assura le concourt de nombreux érudits, clercs ou laïcs. Citons tout
particulièrement Dom Guéranger, restaurateur de l’ordre bénédictin en France,
sans qui Migne n’eut pu mener à bien sa patrologie.
Le 12 février 1868, alors que
l’abbé Migne poursuit son œuvre en s’attelant à l’édition du 162e
volume de la Patrologie grecque, un
incendie ravage son imprimerie. Ce sinistre portera un coup d’arrêt à son entreprise.
Epuisé par trente années d’un labeur démesuré, Jacques-Paul Migne s’éteindra le
25 octobre 1875, le jour même de ses 75 ans.
L’homme qui redonna goût aux
études patristiques et permit la plus large diffusion de la patrologie qu’ait
jusqu’alors connu l’occident, laisse derrière lui une œuvre considérable,
aujourd’hui encore essentielle non seulement au clergé mais à tous ceux qui s’intéressent
à la spiritualité chrétienne en général et aux Pères de l’Eglise en
particulier.
Signalons enfin qu’une Association
Migne existe qui s'est fixée pour objectif de promouvoir la recherche, la
publication et la diffusion de tout ce qui concerne, à travers les Pères, le
patrimoine spirituel de l'Eglise.
G. M.
Sources :
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Site de l'Association Jacques-Paul Migne.
***
[1] Annales de philosophie chrétienne, 5e série, t. 10, juillet1864, p.84.
[2]La Carissima, récit projeté à partir de 1940
par Blaise Cendrars, est resté à l'état de projet, sous formes de notes de
lectures et de fragments manuscrits conservés dans le fonds Blaise Cendrars de
la Bibliothèque nationale de Suisse. Cf. Blaise Cendrars, La Carissima, Genèse et transformation, éd. Honnoré Champion, coll.
Cahier Cendrars, 1996.
[3] Blaise
Cendrars, En bourlinguant…, entretiens radiophoniques avec Michel
Manoll, première diffusion 1950, éd. Ina/Radio France, 2011. Propos retranscrit
dans Blaise Cendrars vous parle…,
quinzième et dernier volume des œuvres complètes de Cendrars publié chez
Denoël, 2006, p. 111.
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