Le 14 octobre 1933, sollicité par
l’hebdomadaire Les Nouvelles littéraires,
Gabriel Beauchesne, fondateur des présentes éditions[1],
livrait quelques conseils afin de remédier à ce que l’on nommait déjà la crise
du livre. Des conseils qui, 82 ans plus tard, nous ont semblé suffisamment
actuels pour que nous ayons envi de les partager :
« À la quantité, sachons
substituer la qualité de nos productions: le bon livre se vendra toujours,
malgré l'auto et la T.S.F. ; d'autre part, de bons romans rapporteront plus à
leurs éditeurs que de ces pauvretés qui n'enrichissent personne.
Et puis, voyez-vous, laissons le
livre au libraire. Le libraire d'autrefois était presque un ami, le confident
des goûts littéraires, le chercheur d'œuvres artistiques dont le lecteur allait
solliciter la compétence de bon aloi. Si les éditeurs savent, contrairement à
ce que font certains, maintenir au libraire ce caractère strictement défini, au
lieu de mettre en vente des livres partout, ils auront moins de déchet dans
leur production, moins de frais généraux, et la confiance des honnêtes gens et
des esprits cultivés.
Si la critique aussi se montrait
plus régulièrement sévère, sans rudesse mais sans faiblesse, si le juge
littéraire ne vantait jamais de livres d'une qualité médiocre, oubliait le signataire
et ne songeait qu'à l'ouvrage présenté, le public se rangerait davantage à ses
avis, et l'éditeur comme le lecteur n'auraient qu'à se louer de voir
recommander les œuvres les plus dignes de l'être.
Enfin, si nous voulons rendre vie
à l'exportation, maintenons haut le prestige du livre français : ne
présentons que des œuvres littéraires d'une bonne tenue, et bannissons des
librairies étrangères, comme le conseil de censure du Cercle de la Librairie le
fait pour la publicité dans son bulletin périodique, les ouvrages grossiers qui
donnent de la France littéraire une idée dégradante, néfaste à notre crédit
dans le monde… »
[1]
Signalons encore que Gabriel Beauchesne fut également, durant les années 1930,
président du Cercle de la Librairie et du Syndicat des Éditeurs.
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