Lorsqu’en 1501 Anne de Bretagne voulut honorer ses parents d’une sépulture grandiose, elle s’adressa à deux des artistes français les meilleurs et le plus fameux de l’époque : le peintre Jehan Perréal pour le dessin et le sculpteur Michel Colombe pour l’exécution. La réalisation de cette œuvre monumentale dura de 1502 et 1507. Initialement présent dans la chapelle du couvent des Carmes de Nantes, le tombeau de François II et Marguerite de Foix fut sauvé de la destruction durant la révolution et trouva un écrin à sa mesure en 1817, lorsqu’il fut transféré dans la cathédrale de Nantes.
Tout en s'apparentant encore à la tradition gothique, ce chef-d’œuvre en marbres polychromes laisse transparaître l’influence italienne qui commençait alors à poindre en France où les sculpteurs transalpins étaient toujours plus nombreux et les commandes qui leurs étaient attribuées, toujours plus importantes. Si les gisants et angelots sont sculptés dans un esprit français, les ornements des pilastres et les apôtres rangés en niches aux flancs du sarcophage laissent quant à eux transparaître les prémices de la Renaissance italienne.
Un miroir des Princes
Pièce majeure de l’art sculptural français, le tombeau des ducs de Bretagne méritait bien qu’on lui consacre un essai. C’est ce à quoi s’est attelée Sophie de Gourcy, en suivant pas à pas l’élaboration et la conception de cette œuvre charnière dans l’histoire de l’art et en se livrant à une analyse rigoureuse des détails qui en font la richesse.
Comme l’indique le sous-titre du livre, ce monumental tombeau est non seulement un chef-d’œuvre artistique mais également un jalon, une œuvre qui se tient à la césure de différents mondes. D’un point de vue symbolique, entre le terrestre et le céleste. D’un point de vue artistique, entre l’art gothique et renaissant. Enfin, d’un point de vue historique, entre le duché et le royaume. Voilà pourquoi il était nécessaire de ne pas seulement l’étudier d’une manière purement esthétique, mais également de restituer sa création au sein de la grande histoire. Et c’est ce préalable qui fait du livre de Sophie de Gourcy un remarquable essai d’histoire de l’art.
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128 pages, 24 euros |
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