Hans Urs von Balthasar 1905-1988 |
Originellement publiée en Italie
en 1991, voici donc la traduction française de la biographie qu’Elio Guerriero
consacra à Hans Urs von Balthasar[1].
Philosophe et théologien, Guerriero est l'éditeur des Œuvres complètes de Balthasar
et a été rédacteur en chef de l’édition italienne de la revue Communio fondée
par ce dernier en 1972. Proche collaborateur de Balthasar, Guerriero travailla
à son contact à établir le présent travail biographique dès les années 1980.
On pouvait donc s’attendre à
trouver sous sa plume une brillante biographie intellectuelle qui rende justice
au grand théologien suisse. Force est de constater qu’il n’en est rien et que
la lecture des quelques 400 pages de l’ouvrage laisse insatisfait à bien des
égards.
Le livre de Guerriero n’est ni
une véritable biographie, ni une étude complète de l’œuvre, mais bien plutôt un
travail qui se situe à mi-chemin entre l’une et l’autre. On comprendra aisément
qu’une étude systématique de l’œuvre de Balthasar soit rendue impossible par
l’importance même de cette dernière. Sa bibliographie court sur plus de 200 pages
: 120 volumes, 532 articles, 114 contributions, 110 traductions, 29
anthologies, 103 préfaces, 93 recensions. Balthasar fût également éditeur et
dirigea l’édition de 13 collections totalisant quelques 440 volumes. [2]
Et cela sans compter les soixante autres volumes que lui a dictés sa dirigée,
la mystique Adrienne von Speyr. Autant dire que cette œuvre ne peut être que
survolée par Guerriero.
Mais la biographie n’est, elle
aussi, qu’esquissée, livrée au lecteur en pointillé et jalonnée de nombreuses
et regrettables ellipses. Hormis la jeunesse de Balthasar qui est assez bien
restituée, le reste de son existence n’est que rapidement évoqué avec, par
endroit, une surcharge de détails inutiles et de répétitions incompréhensibles.
Mais l’on n’apprendra rien ou presque de la nature des relations que Balthasar
entretint avec ses amis, qui sont loin pourtant d’être des inconnus, qu’il
s’agisse de Paul Claudel, Jean Daniélou, Henri de Lubac, Joseph Ratzinger et
bien d’autres. Peu de chose également sur le passage de Balthasar à Fourvière, sur sa participation à la revue Dieu Vivant ou encore sur la fondation de l'édition française de Communio aux côtés des jeunes Rémi Brague et Jean-Luc Marion...
Les quatre textes de Balthasar
reproduits en annexes sont intéressants, tout particulièrement sa « Lettre
d’adieu à ses confrères », son « Dernier compte-rendu » et enfin
son discours prononcé à l’occasion de la remise du prix Mozart : « Ce
que je dois à Goethe ». Mais les deux premiers textes ont déjà été publiés
dans deux ouvrages bien plus essentielles et passionnant que celui-ci, à savoir
le Mémoire sur l'occasion de mes écrits d’Henri
de Lubac pour la lettre, et l’A propos de mon œuvre de Balthasar lui-même, pour le compte-rendu. Enfin et concernant
le discours de Balthasar à propos de sa « relation » à Goethe, il est
ici traduit de l’italien alors qu’il fût écrit et prononcé en allemand. Là
encore, et afin d’en lire une version plus fidèle, on conseillera au lecteur de
se reporter plutôt à la traduction commentée qu’en a fait Mario Saint-Pierre[3],
directement depuis l’Allemand.
Grande déception donc à la
lecture de cette biographie qui, sans être tout à fait inintéressante, est bien
loin de ce que l’on est en droit d’attendre concernant un personnage aussi complexe
et fascinant qu’Hans Urs von Balthasar.
Pour en savoir plus :
399 pages, 29,90 euros |
[1]
Signalons que le présent livre est une réédition revue et augmentée de :
Elio Guerriero, Hans Urs von Balthasar,
éd. Desclée, coll. Mémoire chrétienne, 1993. La préface était alors de Jean
Guitton, elle est désormais signée par Jean-Robert Armogathe.
[2] La
bibliographie complète de Balthasar est consultable à cette adresse : http://www.johannes-verlag.de/jh_huvb_bibliographie.pdf
[3] In Jean
Genest (dir.), Penseurs et apôtres du XXe
siècle, éd. Fides, Québec, 2001, p. 44.
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