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mercredi 6 mai 2015

Les grands philosophes : Dante

Dante Alighieri
Dante par Gustave Doré
Alors que l’on célèbre cette année le 750e anniversaire de la naissance de Dante, nous avons exhumé de notre bibliothèque un court et jolie texte d’Alexis Chassang. De quoi susciter l’envie de se replonger dans l’œuvre du grand poète et philosophe florentin.


     « Dante Alighieri, né à Florence en 1265, était noble et Guelfe. Mêlé aux luttes intestines de sa patrie, où il avait exercé des fonctions publiques, il fut proscrit en 1302 : le ressentiment le fit Gibelin. Les hasards de l’exil le conduisirent à Ravenne, où il mourut en 1321.

L’une des épopées les plus originales qui existent est assurément la Divine Comédie de Dante Alighieri. Sans doute on a pu écrire De la divine Comédie avant le Dante[1] ; mais, si l’idée ne lui appartient pas, et s’il s’est souvenu d’œuvres ou de légendes du moyen âge, son génie a tout transformé, de telle sorte qu’on peut dire qu’il est aussi créateur dans ses emprunts ou dans ses réminiscences que dans les inventions qui lui sont propres, et qui sont de beaucoup les plus nombreuses.

Il y a de tout dans la Divine Comédie, de la théologie, de la métaphysique, de la science et de la politique. Aussi est-il peu d’ouvrages qui soient aussi propres à mettre à l’épreuve l’érudition du lecteur, et l’on comprend qu’il ait été fondé en Italie des chaires pour le commenter. Tandis que les érudits s’attachent à ces divers côtés de l’œuvre du poète florentin de la fin du treizième siècle, ce qui la fait vivre dans la mémoire des simples lettrés, c’est la poésie qui non seulement crée des fictions nouvelles et faites pour durer toujours, mais donne un corps même aux abstractions du métaphysicien. Dante est un savant et un penseur, mais c’est surtout un homme d’une vive et puissante imagination. S’il veut parler de la science et de la poésie, il leur prête vie, et il les représente sous la figure de celui qui résumait ces idées au moyen âge, sous les traits de Virgil : ce sera son guide dans l’Enfer et le Purgatoire. Mais la théologie seule peut être son introductrice dans le Paradis, et la théologie devient Béatrice, non pas une sèche et froide allégorie, mais la peinture idéale d’une jeune fille dont la beauté a ravi son enfance, et qui a traversé sa vie comme une céleste vision. »

Alexis Chassang et F. L. Marcou,
Les chefs-d’œuvre épiques de tous les peuples,
éditions Furne, Jouvet et Cie, Paris, 1879, p. 187.


Dante
Editions de La Différence,1 040 pages, 49,70 eruros




[1] Article de Ch. Labitte dans la Revue des Deux Mondes, 1841.

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