Archéologue, historien et
théoricien de l’art, Johann Joachim Winckelmann est né le 9 décembre 1717 à
Stendal, alors en Prusse saxonne et mort assassiné à Trieste, le 8 juin 1768.
De 1738 à 1742, Winckelmann
étudie la médecine, la théologie et les sciences naturelles à l’université de Halle
et de Iéna. Dans les années qui suivirent, il s’orienta vers l’étude des
antiquités, soit l’archéologie. Convertie au catholicisme en 1754, il devient
alors bibliothécaire du cardinal Passionei.
L’année suivante il fait paraître
son premier ouvrage, Réflexions sur
l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture, qui contient, déjà
en germe, les idées directrices qu’il développera tout au long de son
existence.
Père de l'histoire de l'art et de l'archéologie moderne
Cette même année, Winckelmann
part à Rome afin d’y poursuivre ses études sur l’art classique. Il voyage alors
à travers l’Italie, visite Naples, Pompéi, Herculanum, etc. En 1763, il est
nommé président des antiquités et directeur de la bibliothèque Vaticane et
publie l’Histoire de l’art chez les
Anciens, son opus magnum.
« Si quelque chose peut être
regardé comme parfait, écrit-il quelques années plus tard, je crois que mon Histoire de l’art le deviendra. Je suis
moi-même surpris des objets curieux qui se sont présentés à mon esprit. Je vous
parle le langage de l’amitié, parce que je sais m’apprécier moi-même et que je
n’oublie pas ce que dit Pindare : que nous ne sommes qu’une ombre du
néant. »[1]
Cet ouvrage fait de lui le fondateur
de l’histoire l’art et de l’archéologie moderne. Winckelmann opère en effet un changement de
paradigme. Contre une histoire de l’art qui se résumait jusqu’alors à une étude
de la biographie des artistes et une archéologie qui se contentait d’étudier
des rapports littéraires, Winckelmann fonde ses travaux sur l’observation
minutieuse des œuvres et monuments, sur l’étude des styles et l’évolution des
formes.
L'hommage de Goethe
Dans ce même ouvrage, Winckelmann
le premier, avance le concept de néo-classicisme. Conçut en réaction à l’exubérance
« chaotique » du baroque du XVIIIe siècle, ce concept déclenchera un
engouement nouveau pour l’Antiquité.
Winckelmann eut une influence
considérable sur toute une génération d’historiens et d’artistes, comme en témoigne
cet extrait du journal d’Eckermann :
« Vendredi 16 février 1827
Je disais à Goethe que j’avais lu
ces jours derniers le traité de Winckelmann : Sur l’imitation des œuvres d’art grecques, et je lui avouai que
plus d’une fois l’idée m’était venue, en lisant, que Winckelmann à cette époque
n’avait pas encore une vue parfaitement nette de son sujet.
" Vous avez raison, dit
Goethe, on le surprend çà et là qui tâtonne ; mais sa grandeur est de
tâtonner en indiquant toujours quelque chose. Il est pareil à Christophe Colomb
avant que celui-ci eût découvert le nouveau monde, et quand déjà il en portait
dans son âme le pressentiment. On n’apprend
rien en lisant Winckelmann, mais on devient
quelque chose.
" Meyer aujourd’hui est
allé beaucoup plus loin, et il a porté la connaissance de l’art à son point
culminant. Son Histoire de l’art est
une œuvre immortelle ; mais il ne serait pas devenu ce qu’il est, si dans
sa jeunesse il n’eût été formé par Winckelmann et qu’il n’eût marché dans la
voie ouverte par ce dernier. Une fois de plus, on voit ce que peut faire un
grand précurseur, quand on sait mettre à profit son enseignement." »[2]
Grégoire Mabille
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[1] Lettre
de Winckelmann à Monsieur le baron de Riedesel, 14 juillet 1767, in Lettres familières de Monsieur Winckelmann,
Yverdon, 1784, tome premier, p. 322.
[2] Conversation de Goethe avec Eckermann,
éditions Gallimard, 1988, p. 214.
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