Le 4 juin prochain, s’ouvrira à
Aix-en-Provence, un colloque académique consacré à la métaphysique et, plus précisément, à la place que celle-ci occupe dans l’œuvre de Maurice Blondel. A
cette occasion, nous vous proposons un rapide aperçu biographique de ce grand
philosophe chrétien.
Maurice Blondel est né à Dijon en
1861. Il entre en 1881 à l’École Normale, où il a pour maître Ollé-Laprune et
Boutroux. C’est sous l’influence du premier qu’il esquisse dès 1882 le plan d’une
thèse sur l’action, sujet si neuf que, sans l’intervention de Boutroux, la
Sorbonne l’aurait refusé. Dix ans de méditation lui furent nécessaires pour
mener à bien son travail. En 1893, il soutenait sa thèse avec éclat ; elle
est communément appelée maintenant « la première Action », ou « l’Action
1893 ».
Aussitôt paru, l’ouvrage fut
vivement attaqué. Du côté de l’Université, on lui reprocha de nier la
philosophie comme discipline rationnelle autonome, de la subordonner à la foi,
de la dégrader en apologétique. En conséquence, lorsque Blondel demanda une
chaire à la faculté, on lui proposa d’aller enseigner l’histoire au collège d’Avallon ;
ce qu’il refusa. Après deux ans d’attente, et grâce à une nouvelle intervention
de Boutroux, il fut nommé maître de conférence à Lille, puis professeur à Aix
où il restera toute sa vie, n’ayant pas atteint, nous confie-t-il, après
quarante_six ans de service, la première classe de son emploi.
Du côté catholique, on lui
reprocha de nier la gratuité du surnaturel, de professer le pragmatisme, au
fond d’être moderniste. La controverse atteignit son apogée quand il eut publié
en 1896 dans le Annales de philosophie
chrétienne une série d’articles ayant pour titre : Lettre sur les exigences de la pensée contemporaine en matière d’apologétique
et sur la méthode de la philosophie dans l’étude du problème religieux.
Mais jamais sa pensée n’a été l’objet d’une condamnation quelconque de l’Eglise.
Au contraire, Léon XIII l’encouragea à continuer ses recherches, et Pie X
déclara à l’archevêque d’Aix : « Je suis sûr de son orthodoxie,
je vous charge de le lui dire. »
L’Action fut épuisée en deux ans et devint vitre introuvable, sinon
en copies manuscrites, car Blondel, conscient des imperfections de son œuvre,
refusa toujours de la rééditer. A partir de 1920, il commença la rédaction de
son œuvre définitive. Malgré la cécité qui le frappe en 1927 et l’oblige à
prendre sa retraite, il poursuit son travail avec une indomptable persévérance
et réussit à publier enfin sa grande trilogie : La Pensée en 1934, L’Être
en 1935, et L’Action en 1936, à quoi
sont venus s’adjoindre deux volumes sur L’Esprit
chrétien en 1944 et 1946.
Son œuvre achevée, Maurice
Blondel est mort en 1949 à l’âge de quatre-vingt-huit ans. En 1950, sa famille
a autorisé la réédition de la première Action.
La philosophie blondélienne se
situe dans la grande tradition de la philosophie chrétienne qui remonte à saint
Augustin.
(Extrait de l'Histoire de la philosophie contemporaine)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire